ISBN. 2266154095
Йditeur. Pocket (01/03/2002)

Note moyenne. 3.55 / 5 (sur 634 notes) Les chemins de Katmandou

De tous les coins de la terre, des garзons et des filles se mettent en marche vers Katmandou, la ville qui dresse ses deux mille temples au pied de l'Himalaya, а la frontiиre du Tibet. Que vont-ils y chercher. L'illusion d'un Dieu plus proche. La libertй de vivre comme ils veulent et de fumer " l'herbe " sans crainte de la police. Pour la plupart d'entre eux c'est un voyage vers leur propre destruction. Jane et Olivier ont pris chacun un des " chemins " de Katm. >Voir plus

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de Renй Barjavel, j'ai surtout apprйciй “La nuit des temps” et “Le voyageur imprudent”, mais aujourd'hui, je me demande pourquoi, j'ai envie de fouiller mes souvenirs littйraires pour йvoquer “Les chemins de Katmandou”. Ca sonne bien Katmandou, depuis 2 jours, sur les chaоnes d'infos permanentes.

Roman qu'il faut replacer dans son contexte. mai 68 avait fleuri, l'Ile de Wight puis Woodstock avaient drainй une gйnйration entiиre, les hippies avaient libйrй les corps et les esprits йtriquйs de l'ancien temps, et mкme dans le plus obscur lycйe de province franзais, les rangйes de tables bien alignйes sous les estrades d'oщ les profs infligeaient “le programme” а leurs йlиves, avaient йtй remplacйes par des tables ordonnйes en U, en carrй, en rectangle, peu importe la forme gйomйtrique pourvu que le savoir descende de son piйdestal. Le prof de philo se laissait tutoyer et partageait ses clopes dans la cour, et pour les grandes vacances, il n'existait pas d'autre destination que “le sud”, nйbuleuse oщ il semblait que tout irait brusquement mieux sous un soleil mйridional.

Non, il y a avait une autre destination qui nourrissait les rкves d'йvasion, d'ailleurs, de cette gйnйration. le Nйpal, Katmandou, et plus spйcifiquement Freak Street, qu'il n'йtait pas question de rallier en avion. Il fallait impйrativement faire le trajet en 2 CV, bien en baver en route, mais aussi faire de belles rencontres. A la limite, mais vraiment а la limite, une 4 L pouvait servir de substitut. L'auto-stop йtait rйservй aux tкtes brыlйes, et il y en a eu.

Dans ce roman qui a marquй ces gosses qui ont eu une vingtaine d'annйes а l'aube des annйes 70, Jane et Olivier s'acheminent vers leur paradis et leur enfer, а Katmandou. Je ne porte de jugement ni sur la romance ni sur son sens, l'usage des substances psycho-actives de quelque nature qu'elles soient, ne m'a jamais amusйe ni mкme fait sourire. Simplement, depuis 2 jours, je dйcouvre que cette destination attire toujours autant. Les paradis naturels de l'Himalaya ont remplacй les paradis artificiels, on devrait s'en rйjouir, mais pourtant. Ils s'avиrent tout autant mortels.

J'avais laissй Barjavel sur le bord de ma route de lecteur aprиs avoir refermй les derniиres pages de L'enchanteur. Les chemins de Katmandou m'ont ramenй vers le plaisir que sa prose me procurait, mais aussi le remord d'une nйgligence coupable, tant son oeuvre fit germer mon imaginaire adolescent. L'йpopйe fameuse vers le Nйpal, idйalisйe par la gйnйration soixante-huitarde et le mouvement hippy m'a redonnй l'envie d'entreprendre la lecture des livres manquant а ma collection. Cette quкte d'un Йden, territoire libertaire aux mille dieux ou la fuite d'un prйsent douloureux, qui motivent le voyage de ses personnages est sans concession. Elle traverse les paysages et les mirages des paradis artificiels, pue la misиre, la faim et les excrйments qui jonchent le parcours. La rйalitй йpaisse, brumeuse, parfumйe de senteurs lourdes tient plus de l'enfer, que de l'univers idyllique attendu. le marigot des pulsions humaines n'y est pas moins glauque. L'amour y sombre, entraоnant dans la mort l'espoir, la tentation de la rйdemption et la fin heureuse.

Renй Barjavel est un auteur que j'aime йnormйment. J'ai lu environ une dizaine de ses romans, et certains font partie de mes livres prйfйrйs de tous les temps. Cependant, j'avais un peu peur, avant de commencer celui-ci, car je n'avais rien lu de lui depuis quelques annйes. Or, chacun sait que les goыts changent en vieillissant, et je craignais de ne plus apprйcier sa plume ou ses histoires.
Je me faisais du souci pour rien, car j'ai beaucoup aimй ce livre !
Nous sommes en 1968, et le livre dйbute а Paris, au beau milieu des "йvйnements". Les йtudiants sont plein d'enthousiasme, de rкves et d'idйologies. Il croient qu'ils vont renverser la sociйtй et crйer un monde nouveau, plus juste, plus fraternel.
Olivier est de ceux-lа, jusqu'а ce que la fin des conflits et le retour а la normale le laissent terriblement dйзu et rempli de colиre. Il dйcide sur un coup de tкte de partir а la recherche de son pиre, qu'il n'a pas connu, qui est richissime et qui vit, lui a-t-on dit, au Nйpal.
Tous les jeunes ne participent pas aux affrontements et aux grиves de mai 68. Beaucoup choisissent de partir au Nйpal, а Katmandou, dans l'espoir de vivre conformйment а leur idйal d'amour universel et de libertй, comme c'est le cas de Jane et Sven.
Mais les occidentaux n'ont pas la mкme conception de la vie que les orientaux, et confondent trop souvent drogue et libertй.
Jane et Olivier ont prit des chemins diffйrents pour arriver а Katmandou mais ceux-ci finiront par se croiser, et cette rencontre bouleversera leur vie а tout jamais.

Ce roman est vraiment ancrй dans son йpoque, puisqu'il date de la mкme annйe que les йvйnements qu'il dйcrit, mais il se lit trиs bien, aujourd'hui.
La plume de l'auteur est trиs belle, trиs poйtique, mais ce n'est pas pour autant tout rose. C'est trиs rйaliste, et certaines scиnes sont assez dures. Les choses sont racontйes telles qu'elles йtaient, а cette йpoque. Et on sent que l'auteur йprouve beaucoup de peine pour tous ces jeunes qui sont allйs de leur plein grй au-devant de leur destruction, en pensant trouver un paradis terrestre.
Il a trиs bien su capturer et rapporter l'ambiance et l'йtat d'esprit qui rйgnait а cette йpoque, que ce soit pendant Mai 68 а Paris, ou а Katmandou, quand il dйpeint les rassemblements hippies dans ces grands squatts qui йtaient autrefois les logements des thibйtains ; la saletй et le dйpouillement dans lesquels ils sont installйs et que eux appellent "libertй", leur dйchйance.
Les personnages sont trиs forts. Surtout Olivier, qui est vraiment plein de colиre, pendant environ les 2/3 du roman. Cela le rend parfois un peu antipathique, mais en mкme temps, on sait les raisons de sa colиre, donc on le comprend. Et puis les rencontres qu'il fait au fil du rйcit le transforment peu а peu.
Jane est trиs touchante par son innocence et sa fraоcheur, mais sa naпvetй et sa passivitй m'ont parfois agacйe. Elle ne rйflйchit pas par elle-mкme. Tout ce que dit Sven est forcйment vrai et elle ne remet jamais rien en cause. Mais je pense que tout cela est voulu par l'auteur. Car а travers elle, il montre comment toute une partie de la jeunesse occidentale s'est laissйe piйger en croyant que la drogue l'aiderait а atteindre ses idйaux de libertй et d'amour et n'a pas compris qu'elle les dйtruirait au lieu de les libйrer.
Il y a йgalement toute une galerie de personnages secondaires hauts en couleurs, trиs bien campйs, qui, chacun а sa faзon, traceront le destin de Jane et Olivier. le pиre et la mиre d'Olivier, йternels ados dans des corps d'adultes ; Sven, une sorte de Jйsus Christ, qui rejette en bloc la sociйtй et inculque а Jane que l'homme est fait pour кtre libre et aimer son prochain et que rien n'appartient а personne ; l'associй du pиre d'Olivier, escroc vicieux et lubrique.
J'ai beaucoup aimй la faзon dont l'auteur parle de l'Inde et du Nйpal, et met en relief le contraste entre les deux pays. La misиre, la surpopulation et l'apathie, la rйsignation des gens sont trиs fortement rendus pour l'Inde, alors qu'au Nйpal, on les sent plus paisibles, plus heureux de vivre mкme s'ils ne sont pas plus riches.
Il est beaucoup question de spiritualitй, puisque les dieux ont une grande place, dans ces pays, et qu'il y a d'innombrables temples. Les populations intиgrent ces divinitйs а leur vie courante, elles font partie de leur famille. Les gens leur parlent, leur font des offrandes quotidiennes, les caressent en passant. Il y a йnormйment de fкtes religieuses, pour presque toutes les occasions, et de processions vers les temples et les statues sacrйes.
L'histoire est captivante, prenante, on a envie de savoir ce qu'il va arriver aux personnages, oщ l'auteur va nous conduire, est-ce que tout va bien finir. Car on sent bien que les choses s'accйlиrent au fil des pages, que le destin est en marche, et on espиre de toutes ses forces que tout va bien se terminer pour nos deux hйros.
Et en mкme temps, l'йcriture est tellement magnifique, si poйtique (j'avais sans arrкt envie de noter des phrases pour m'en souvenir) qu'on est comme portй, bercй par elle. Il y a des moments d'une beautй et d'une magie incroyables !
C'est trиs йtrange, comme mйlange. avec une autre plume, cette histoire pourrait кtre trиs dure mais avec le talent de Barjavel. elle devient belle а la faзon des grandes tragйdies grecques, triste mais йclatante de vie et de lumiиre.

Conclusion. Un roman de Brajavel diffйrent des autres, beaucoup plus rйaliste, mais йpoustouflant de beautй.

Une fois n'est pas coutume, Barjavel dйlaisse un temps le fantastique pour s'aventurer sur les traces du rйel – mкme si ce rйel est instable et ses traces teintйes de psychotropes.
Nous sommes а l'aube des 70's ; annйes troubles marquйes par le soulиvement йtudiant, la libйration individuelle et l'avиnement de la drogue pour tous. Et aussi par une certaine fuite des cerveaux occidentaux – du moins ce qu'il en reste – vers la grande Katmandou.
Katmandou, lieu protйiforme peuplй de moines et de dйvots, de pauvres qui rient et de riches qui gйmissent, de quotidiens frugaux brusquement confrontйs а une caste inconsciente et vorace venue d'ailleurs. Katmandou, but unique pour des odyssйes diverses, celle-ci coloniale, celle-lа new-age, parfois simple escale fortuite oщ laver les excиs d'un quart-de-vie trop raide.
Elevйs dans le dйtachement et la joie bouddhistes, les locaux s'adaptent. Aux hippies absorbйs dans la contemplation des bronzes et des fleurs, ils fourguent leur opium et leur haschisch. Aux aristo chasseurs du dimanche, ils offrent leurs vallйes et leurs fauves ; aux mйcиnes restйs а l'ouest, ils ferment l'oeil sur le saccage des temples.
Ici le hйros est une ville, un aimant, une impasse. Un phare maudit oщ s'entassent les idйaux vides et les piйtйs de carnaval. On retrouve bien l'йternelle love-story de rigueur chez l'auteur ; mais cette fois elle s'efface au profit d'une йtude plus vaste oщ se mкlent destins croisйs, choc des cultures et pensйes amиres. Ils ont tous fui leur vie mais sont tous restйs les mкmes. le cupide fait fortune, l'immature reste enfant et le hippie s'йgare.
Difficile d'en vouloir а l'йcrivain s'il a, tandis que prend fin Mai 68 et que la soixantaine s'ouvre а lui, choisi de surfer sur une vague sociйtale amenйe а durer dans les mйmoires. Et de rйduire son livre а quelques grammes de sagesse dans un roman de gare. Scйnariste passager, Barjavel a la science du conteur, comme un pendant de Spielberg pour la littйrature francophone. Ses chemins sont d'ailleurs tirйs d'un film source – sur lequel certes je confesse quelques doutes.
Mais la version papier tient la route. Bien plus que ne le suggиre sa couverture enfumйe. Et bien plus que nombre d'ouvrages du mкme acabit. Mais puisque manifestement les avis divergent…

Pau 08 dйcembre 2010

Mais le dйmon habitait la poitrine d'Olivier. Йtait-ce cela l'amour ?
Cette fille, qu'il avait а peine connue, tenue dans ses bras une seule nuit, lui avait tout а coup, aprиs son entrevue avec son pиre, semblй constituer la rйponse а toutes ses questions, la solution а tous ses problиmes. Il avait marchй vers elle pendant des jours et des jours, se souvenant de ses grands yeux qui le regardaient sans l'ombre d'un mensonge, de son sourire clair, de ses paroles et surtout de la plйnitude, du calme qu'il йprouvait quand il йtait auprиs d'elle, mкme sans parler, mкme sans la regarder. Elle йtait assise dans l'herbe, prиs de lui, ou а quelques pas, et autour de lui et en lui tout йtait bien, en йquilibre, et en paix.
А mesure qu'il marchait vers Katmandou, sa joie et son impatience augmentaient. Il avait descendu la derniиre montagne en courant, comme on dйvale vers une source, un lac, une cascade, pour s'y jeter en riant, la boire, la brasser, s'y noyer de vie.
Il n'avait trouvй que la poussiиre.
Heure aprиs heure, pendant qu'il cherchait en vain, il avait eu la rйvйlation progressive de l'abоme d'absence qui s'йtait creusй en lui et autour de lui depuis la minute oщ il s'йtait sйparй de Jane, presque lйgиrement, sans y attacher d'importance. Sa hвte а quitter son pиre, sa course vers Katmandou, c'йtait le besoin de redevenir vivant en la retrouvant, de combler ce vide insupportable, dont il n'avait pas eu conscience tant qu'il marchait sur le chemin dont il savait, si long qu'il fыt, qu'il le conduisait vers elle.
Au bout du chemin, il n'y avait personne.

Tous les murs de la maison йtaient courbes et irrйguliers, comme les abris naturels des bкtes. nids, gоtes ou cavernes. Quand on y pйnйtrait pour la premiиre fois, on s'йtonnait de s'y trouver si extraordinairement bien, et on comprenait alors ce qu'il y a d'artificiel et de monstrueux dans la ligne droite, qui fait des maisons des hommes des machines а blesser. Pour dormir, pour se reposer, pour aimer, pour кtre heureux, l'homme a besoin de se blottir. Il ne peut pas se blottir dans un coin ou contre un plan vertical. Il lui faut un creux. Mкme s'il le trouve au fond d'un lit ou d'un fauteuil, son regard rebondit comme une balle d'une surface plane а une autre, s'йcorche а tous les angles, se coupe aux arкtes, ne se repose jamais. Leurs maisons condamnent les hommes а rester tendus, hostiles, а s'agiter, а sortir. Ils ne peuvent en aucun lieu, en aucun temps, faire leur trou pour y кtre en paix.

gill 03 octobre 2012

L'aventure que nous raconte Barjavel dans ce nouveau roman est peut-кtre encore plus extraordinaire que celle de "la nuit des temps", car elle se passe parmi nous, et nous concerne tous.
C'est l'histoire de quelques garзons et quelques filles, et parmi eux, d'un couple, Olivier et Jane, en marche vers l'impossible.
(extrait de la quatriиme de couverture de l'йdition parue chez "Presses Pocket" en 1972)

En marchant avec une peine de plus en plus frange, de toute sa volontй et de tous ses muscles, dans l'йpaisseur de la pluie qui emplissait l'espace entre le ciel et la terre, il se demandait s'il allait trouver au bout de la piste noyйe, sur la colline qui йmergeait encore, oщ quelques кtres vivants luttaient pour continuer de vivre, la rйponse а la question qu'il avait posйe а son pиre :
- A quoi on sert.

Ceux qui se rendront а Katmandou ne reconnaоtront pas ce qui est йcrit dans ce livre.
Ceux qui suivront les chemins qui y mиnent ne reconnaоtront pas les chemins de ce livre.
Chacun suit son chemin, qui n'est pareil а aucun autre, et personne n'aboutit au mкme lieu, dans la vie ni dans la mort.
Ce livre ne cherche pas а donner une idйe de la rйalitй, mais а s'approcher de la vйritй.
Celle de Jane, et celle d'Olivier, dont il raconte l'histoire.

Voici mon avis sur La nuit des Temps, un roman de Science Fiction йcrit en 1966 par Renй Barjavel. Plus de vidйos. http://goo.gl/hCnYmr. Dйroulez pour plus d'infos :)
? Mon avis йcrit. http://www.leblogdeptitelfe.fr/2016/12/la-nuit-des-temps-de-rene-barjavel.html
? Chaоnes / blogs citйs Maureen. https://www.youtube.com/user/MaureenDenizon
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Je tourne avec un Canon 70D La musique d'intro est Legacy Studer - crйditй par Universal UPPM
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